Le Mont Ventoux qui culmine à 1912 mètres est aussi appelé le "Géant de Provence" ou le "Mont Chauve". Montagne mythique, site naturel d'exception classé "Réserve de Biosphère" par l’U.N.E.S.C.O et site Natura 2000, il a passionné des générations entières qui ont tour à tour observé sa faune et sa flore si particulières, ont tenté de le gravir à pieds, à cheval, en vélo ou en véhicule motorisé. Il est une fierté locale et un véritable défi quotidien pour de nombreux touristes et sportifs.

CARACTERISTIQUES

    S'étendant sur une surface de 25 km de long et 15 km de large, le Mont Ventoux est le point culminant des monts de Vaucluse et le plus haut sommet du département de Vaucluse. Depuis le sommet par temps clair, on découvre un des plus vastes panoramas d’Europe, avec à l'est le mont Viso qui balise la frontière italienne (derrière le plateau d'Albion et la montagne de Lure), et au sud les gorges de la Nesque, les monts du Luberon, la Sainte-Victoire, et même Notre Dame de la Garde à Marseille avec la mer Méditerranée en toile de fond. Le nord ouvre un panorama superbe jusqu'aux grands sommets alpins, en passant par la vallée du Rhône et les Cévennes. A ses pieds, la plaine de Carpentras et du Comtat Venaissin, les vignobles de Côtes du Ventoux, Sault et ses champs de lavande, les villages perchés de la vallée du Toulourenc, et le site antique de Vaison la Romaine. Un terroir qui sent bon la truffe, la lavande et le vin !

    La position géographique de ce massif, au carrefour du monde alpin et du monde méditerranéen ainsi que son relief contrasté, génèrent une grande variété de climats allant de la canicule en été à -30° Celsius en hiver. Le vent y souffle souvent, pouvant atteindre des pointes à 250 km / heure.

    Les précipitations sont particulièrement abondantes au printemps et à l'automne. L'érosion a ainsi grandement contribué à l'aspect blanchâtre très reconnaissable des cimes, recouvertes par un pierrier de calcaire éclaté suite à l'action répétée du gel et du dégel. De loin cela laisse à penser que le sommet est éternellement enneigé.

    La face nord présente elle de nombreuses brèches ou éboulis formés sous l'action d'un ruissellement intensif. Sur le versant sud, plus doux, les éboulis ont été stabilisés par une rare végétation. Il n'existe pas sur les flancs du Ventoux de cavités de grandes dimensions de type aven, comme on en trouve sur les monts de Vaucluse ou sur le plateau d'Albion. Cependant les concrétions stalagmitiques retrouvées en surface prouvent un important affaissement de la surface. On pense d'ailleurs avoir la preuve d'anciennes émergences dans la Combe de Canaud, tout comme dans l'aven des Fourches situé à proximité de Sault. La cavité la plus importante se trouve sur la face nord, c'est la grotte du Trou Soufflant qui atteint une profondeur explorée de 140 mètres et qui est apparemment liée avec la Fontaine de Vaucluse. Les seules résurgences actives sont situées à sa base et sont la preuve d'une forte karstification.

FLORE

    Le Mont Ventoux présente une variété de paysages et une végétation d'une diversité rare variant en fonction de l'altitude : 400 genres floristiques, plus de 1000 espèces de plantes sur cinq étages de végétation observés entre 400 et 1900 mètres.

    Au sommet, au cœur des éboulis thermoclastiques, on trouve des espèces répertoriées en région arctique, comme le saxifrage du Spitzberg, le lys martagon ou le petit pavot velu du Groenland !

    Les flancs du mont Ventoux sont couverts de plantes méditerranéennes comme le chêne vert, mais aussi de cèdres de l'Atlas, de pins et de quelques cultures d'oliviers ou encore de lavande sur les piémonts.

    En pente douce bien exposée au soleil, la végétation côté sud est plutôt méditerranéenne ( pins d'Alep entre 300 et 430 mètres d'altitude, chênes verts entre 480 et 540 mètres ; garrigue aux herbes aromatiques comme le thym et la lavande vraie jusqu'à 1 150 mètres d'altitude ; hêtres de 1 130 à 1 660 mètres et pins à crochets entre 1 480 et 1 650 mètres d'altitude. Enfin, le secteur alpin au-dessus de 1 810 mètres d'altitude.

    La végétation des pentes abruptes et moins ensoleillées du versant nord, est de type médioeuropéenne. chênes verts jusqu'à 620 mètres d'altitude, noyers de 620 à 800 mètres. De la garrigue aux herbes aromatiques comme le thym et la lavande vraie entre 800 et 910 mètres d'altitude. Ensuite, des hêtres de 910 à 1 380 mètres et des pins à crochets jusqu'à 1 720 mètres d'altitude. Enfin, le secteur alpin au-dessus de 1 720 mètres d'altitude.

FAUNE

   La faune y est également très diverses, les quatre étages de forêt abritant chacun des espèces qui lui sont bien spécifiques. On y a toujours trouvé de nombreux sangliers, et plus récemment des chevreuils, chamois, mouflons et cerfs, suite au reboisement des pentes. Le loup a également réintégré le massif ces dernières années, alors que le dernier loup du Ventoux avait été abattu au début du XXème siècle.

    On compte environ 120 espèces de rapaces ou nicheurs qui se nourrissent des nombreux reptiles (vipères, couleuvres et lézards). Tout ce petit monde cohabite avec les plus répandus lièvres, lapins, renards, blaireaux, perdrix rouge, faisans, grives, merles noir, bécasses et étourneaux.

    Depuis des millénaires, l'élevage ovin est pratiqué sur une surface d'environ 25 000 hectares dans le massif du Mont Ventoux. On peut d'ailleurs voir des vestiges de bergeries rupestres dans la combe de Malaval, et les nombreuses citernes et aiguiers répertoriés datent pour la plupart de la période du Moyen Âge au XIXème siècle. L'agneau de Sault bien connu des fin gourmets est l'héritier de cette race locale "Préalpes du Sud" dont les ancêtres étaient déjà vendus aux foires annuelles de Sault.

    Certains écrits attestent d'une activité d'apiculture comme une activité traditionnelle dans le massif et aux abords du Ventoux, en témoigne cette ordonnance datée de 1777, prise par les consuls de Sault pour interdire de couper la lavande afin de sauvegarder les abeilles. Frédéric Mistral, quant à lui, narre les aventures de son héros descendant le long du Rocher du Cire pour aller récolter le miel des ruches sauvages, dans son poème Calendau, édité en 1867. Aujourd'hui c'est une activité que l'on retrouve essentiellement sur le plateau de Sault où les apiculteurs récoltent un miel "toutes fleurs" (thym, sarriette, romarin, etc.) et surtout le fameux miel de lavande, produit entre fin juin et début août. Depuis 2005 ces miels bénéficient d'une IGP "Miel de Provence".

CULTURES

    Le véritable essor des cultures s'est produit dans la seconde moitié du XIXème siècle, ce qui a valu à la région le surnom de "jardin de la France". Ceci a été possible grâce au développement des réseaux d'irrigation (canal de Carpentras) ainsi qu'à la construction du premier chemin de fer reliant Paris à la Méditerranée.

    Parmi les fruits et légumes les plus cultivés aujourd'hui figurent la cerise, la fraise de Carpentras, le melon, l'abricot, les asperges et bien sûr le raisin de table "Muscat du Ventoux" (AOC depuis 1997).

    Les nombreux vignobles situés dans le Comtat Venaissin, au pied du versant sud, sont une appellation d'origine contrôlée qui portait au départ le nom de Côtes-du-Ventoux, mais qui depuis le millésime 2008 a raccourci l'appellation pour devenir AOC Ventoux.

    Sur les hauts plateaux, outre le petit épeautre qui a longtemps été une céréale "oubliée" et que l'on reproduit depuis les années 80 pour ses caractéristiques très intègres, c'est la lavande que l'on peut aisément observer en saison depuis le Ventoux. Sauvage au départ, elle n'a été cultivée qu'au début du XXème siècle et bénéficie d'une AOC pour "l'huile essentielle de lavande de Haute-Provence" depuis 1981.

    La région du Mont Ventoux est enfin la première productrice de truffe Tuber Melanosporum en France, Ce "diamant noir" du Ventoux se récolte entre 500 et 1 000 mètres d'altitude, sur des terrains plutôt calcaires, en symbiose avec les chênes blancs et verts, les frênes et les charmes.

L'HOMME ET LE VENTOUX

    La première ascension jusqu'au sommet est datée du 26 avril 1336. Elle est attribuée au poète humaniste italien Francesco Pétrarque (20 juillet 1304 - 19 juillet 1374), même si certains auteurs ont mis en doute la date de cette montée et pensent que des bergers et des riverains avaient gravi le massif avant lui.

    Pétrarque raconte dans sa lettre "Mon ascension sur le Mont Ventoux", cette expédition en compagnie de son frère Gherardo et de deux "serviteurs". Partis depuis Malaucène sur le versant nord, il décrit un panorama extraordinaire offert depuis le sommet.

    Son récit est l'un des plus célèbres de toute la tradition épistolaire occidentale, en inventant la notion de paysage. Pétrarque, poète et ecclésiastique à la cour papale, n'a que trente-deux ans en 1336 lorsqu'il le rédige à l'attention de son directeur de conscience et ami, Dionigi da Borgo San Sepolcro, de l’ordre de Saint-Augustin et professeur de théologie.

    Le mont Ventoux appartient au spectacle naturel de la région à laquelle Pétrarque est tant attaché depuis son enfance, lui qui a étudié à Carpentras et qui est de retour à Avignon depuis quelques années. Le timing de cette ascension correspond certainement à une crise spirituelle chez Pétrarque, ce récit d'une sensibilité étonnamment moderne étant celui d'une formidable expérience dont il découvre alors la portée allégorique. Elle marque une conversion et la réconciliation de Pétrarque avec l'ordre du monde et la splendeur de Dieu.

    Elle ouvrira la voie, plus tard, à de nombreuses études à caractère scientifique, alors que pendant près de six siècles le mont Ventoux sera intensément déboisé, au profit des éleveurs ovins, des constructions navales à Toulon et des producteurs de charbon de bois. Le massif sera ensuite un haut lieu de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, abritant le maquis Ventoux.

LA CONQUETE SPORTIVE

     En 1885 la première route d'accès au Ventoux est mise en service. Le 12 septembre 1900, trois véhicules automobiles de la marque De Dion-Bouton se lancent à l'assaut de ses pentes. Organisées par l'Automobile Club d'Avignon et le journal l'Auto-Vélo, des courses de côte automobiles ont lieu régulièrement chaque année au mont Ventoux à partir de 1902, et impliquent également des motos et des side-cars.

    L'histoire de cette course est traditionnellement divisée en trois époques : de 1902 à 1913, c'est le temps des pionniers automobilistes, de 1921 à 1936, celui des "gentlemen drivers" et de 1947 à 1976, les temps modernes. Depuis la première course, le record automobile a été battu 26 fois, 21 fois à moto et 15 fois en side-car. De 1902 à 1936, le départ est donné à Bédoin et l'arrivée au sommet ; de 1937 à 1976, le départ se fait au fameux virage de Saint-Estève et l'arrivée au chalet Reynard, à 6 kilomètres du sommet. Enfin, depuis la restauration de la course en 1988, le tracé se déroule sur 10 kilomètres.

    C'est donc au XXème siècle que la dimension sportive s'empare du mont Ventoux. La première course à pied y est organisée par l'Union sportive de Carpentras en 1908. Suspendu pendant près de 70 ans, ce « Marathon du Ventoux » sera relancé en 1974 par les clubs d'athlétisme de Sault-Apt et Luberon-Ventoux. Longtemps sillonnée de drailles tracées par les bergers, ces nombreux chemins ont désormais été transformés en sentiers de randonnée, à l'instar des GR 4 et GR 9.

    La première ascension cycliste officiellement chronométrée a lieu le 12 juillet 1908, lors du marathon du Ventoux, mais le Tour de France propose régulièrement l'ascension mythique de ce sommet. Le peloton franchit pour la première fois le Ventoux en 1951 et les plus grands champions s'y sont illustrés. Le record actuel de l'ascension par Bédoin est détenu depuis le 10 juin 2004 par l'Espagnol Iban Mayo en 55 minutes et 51 secondes. Cependant les plus grands y ont également connu des défaillances comme le Britannique Tom Simpson, mort après un malaise ayant provoqué une chute lors de l'édition de 1967.

    Le tourisme lié au cyclisme est en plein essor, et les trois routes principales (Bédoin, Malaucène et Sault) qui "grimpent" au Ventoux sont quotidiennement empruntées par des hordes de cyclistes venus se mesurer au mythe. Cependant si le Tour de France et la Course de Côte motorisée ont donné une renommée sportive internationale au Mont Ventoux, de nombreux événements sportifs y ont vu le jour et sont encore d'actualité. Tels la Montée avec un vélo sans selle, l'Ascension en triporteur, la Course en roller, le Record de montée à vélo en 24 heures, les descentes en VTT, ou le ski depuis la station de sports d'hiver du mont Serein, installée depuis le milieu des années 1920 sur le versant nord (1 445 m d'altitude).

    A ce jour la station propose 12 kilomètres de pistes de ski alpin et 7 kilomètres de ski nordique. En été les sports de montagne comme l'équitation, le vélo tout terrain, la tyrolienne, la grimpe d'arbres ou la pratique du parapente complètent l'activité intense de Randonnée et permettent de découvrir à sa façon tous les aspects méconnus de ce géant de Provence.

INFOS PRATIQUES

3 voies d’accès par la route vous font monter au sommet du Mont Ventoux, en une trentaine de minutes en voiture :

    > Par Malaucène, versant Nord – D 974

    > Par Bédoin, versant Sud – D 974

    > Par Sault - D164